✩. Besoin d'une pause déjeuner entre amis, miss Thomas.

✩ Besoin d'une pause déjeuner entre amis, miss Thomas.

Encore une nuit où je ne trouve pas le sommeil. Je pensais que tout irait mieux avec le décès de mon père ainsi qu'avec ma rencontre avec Erin, mais non. Lorsque je m'endors, c'est pour faire des cauchemars effroyables. La thématique est la même : mon père me violente, je reçois des coups sur le dos, sur le torse avec sa ceinture, il est ivre et je ne suis qu'un gamin. Ce n'est pourtant pas la partie de mon cauchemar le plus terrible … je le vois allongé sur le sol, il pleure alors que je lui assène des coups violents. Il saigne, au début un peu, puis il y a une marre de sang et, je me réveille le souffle court. Je lutte pour ne pas dormir, parce que je crains ce que je pourrais voir. J'ai sans doute besoin de calmants, mais j'ai peur de devenir accroc. Ensuite, c'est la décente aux enfers, un premier médicament, puis pourquoi pas deux et ainsi de suite … Pourtant, je pense que je vais me laisser tomber dans ce piège, parce que je serais incapable de bien travailler. Avant, cela ne se répercutait pas sur mon boulot d'avocat, mais à présent si. Je me trouve sur des dossiers où je n'arrive plus à comprendre parce qu'il est tard et que je ne dors plus. Les mots se mélangent, on dirait qu'il s'agit d'une autre langue. Je ne peux pas continuer ainsi, il faut que je sois à cent pour cent dans mon travail. Je désire devenir associé et, ce n'est pas ainsi que je vais y arriver si je ne dors pas. Je pousse un long soupire, il faut que j'aille voir en urgences mon psychiatre, il commence à neuf heures, je serais devant la porte de son cabinet. Il faut que je dorme, j'en ai besoin, non en réalité c'est surtout vitale. En attendant je regarde le plafond de mon immense chambre bien vide. Je n'ai jamais dormi avec une femme, surtout pas chez moi. Je n'emmène personne à mon domicile. La raison ? Je ne veux pas qu'on se souvienne de mon adresse tout simplement. Peu de personnes savent où je vis et c'est très bien ainsi. Puis mon lit est sacré, aucune femme n'a jamais dormi dedans, jamais. Cela ne risque pas de changer … Je ne suis pas fait comme tout le monde. Je fuis les sentiments comme la peste. Je ne veux pas montrer mon attachement, pour ne pas souffrir en retour. Mon psychiatre me dit alors que je souffre du fait que je ne fais entrer personne dans ma vie, mais je m'en moque. Il n'a pas été éduqué par un homme qui le frappait et violait pour raison d'avoir tué sa mère. Il ne peut pas comprendre, personne ne le peut, sauf ceux qui ont vécu ce que moi-même j'ai vécu, je n'en compte pas beaucoup. Lorsque je m'aperçois qu'il est cinq heures du matin je décide de me lever. Je n'ai pas dormi, tant pis. Je décide de mettre un survêtement, des baskets, mon sweet à capuche gris et je pars courir. Écouteurs dans les oreilles je commence doucement, je fais des étirements, c'est essentiel pour ne pas avoir des courbatures puis, je cours. Je ne sais pas où je trouve encore toute cette énergie sincèrement. C'est après une bonne heure de course que j'émerge une nouvelle fois chez moi. Je prends une douche brûlante, je me rends dans mon immense cuisine ouverte sur le salon. Je vis seul, je n'ai que deux employés : mon chauffeur et ma femme de ménage, j'adore cuisiner. Je mange peu, mais je prépare tout moi-même. J'ai hésité entre le droit et la cuisine, mais je me suis prédestiné à devenir avocat pour enfermer les personnes comme mon père. Frapper femmes et enfants ce n'est pas acceptable de mon point de vue. C'est donc en serviette de bain autour de ma taille que je me prépare deux gaufres. J'ai fait la préparation la veille, elle est restée au frigo et à présent elle est prête pour atterrir dans mon estomac. C'est toujours devant les informations que je prends mon petit déjeuner, puis je pars me préparer. J'ai beaucoup de costumes sur mesure, je peux me le permettre. Ils sont tous griffés, mais la marque n'apparaît pas en gros, je déteste les personnes qui veulent montrer leur argent. Après m'être habillé j'appelle mon chauffeur. Il est déjà en bas, il me connaît par coeur. Je grimpe à l'arrière de la voiture, quand je lui annonce que nous allons direction le cabinet de mon psychiatre. « Monsieur Adams, que faites-vous ici ? » Je prends mon courage à deux mains : « J'ai besoin de dormir, je n'y arrive plus alors il me faut un médicament. » J'ai honte, mais j'ai tout de même fait ma requête. Il me fait alors entrer dans son bureau. « Vous devenez enfin raisonnable ? » J'en envie de lui mettre mon poing au visage, mais je reste muet. « Vous avez pris la bonne décision monsieur Adams. » Je sers les dents. « Sans doute. » Je me dis à moi-même. Une fois sortie, je monte dans la voiture et je m'en vais au boulot. Je demande au chauffeur d'aller à la pharmacie pour me chercher mes médicaments, puis j'émerge enfin au travail. « Adams ? » Mon patron se trouve dans mon dos. Je me retourne et, lui offre un mince sourire. « Vous êtes en retard aujourd'hui. » Je sers les poings. « J'ai eu un contretemps, j'en suis désolé. » Il sourit, je me demande bien pourquoi. « Cela arrive à tout le monde vous savez, ce n'est pas grave, du tout même. Je passerais vous voir cette après-midi, j'ai besoin de vous pour une nouvelle affaire. » Je m'en vais dans mon bureau, je travaille sur un dossier, quand arrive l'heure du déjeuner. Je n'ai pas envie d'aller manger seul, du coup je vais voir l'une de mes rares amies. Elle se nomme Elisa Thomas, nous nous connaissons depuis pas mal de temps et je sais que je peux compter sur elle pour passer d'agréables moments. Je décide donc de frapper à la porte de son bureau, avant de passer ma tête dans l'ouverture. « Chère miss Thomas, vous êtes conviée à venir déjeuner avec votre ami et collègue monsieur Adams. » Je lui souris, j'ouvre la porte davantage. « Dépêches toi, on va manger, où tu veux d'ailleurs. » Je prends la pose contre la porte, j'ai envie de rire, elle me redonne toujours le sourire.