✩. on a tous besoin de trouver "LA" personne importante dans sa vie, cette personne c'est toi.

on a tous besoin de trouver "LA" personne importante dans sa vie, cette personne c'est toi.

Il y a des jours plus compliqués que d'autres. Aujourd'hui est un jour sans, sans elle. Cela fait tellement d'années, pourtant je n'arrive pas à oublier, ou plutôt à l'oublier. Personne ne sait réellement ce qu'il s'est produit, mais ses images resteront graver dans mon esprit. Elle était devenue ma meilleure-amie, elle me connaissait mieux que personne. J'aurai dû comprendre qu'elle était folle de moi, je le savais, mais pas à ce point. Elle se nommait Annabeth. Je l'ai rencontré à Paris, à la faculté. J'avais dix-neuf ans, elle aussi, lorsque nos regards se sont croisés nous avons compris que nous serions amis. Je savais qu'elle désirait plus à un certain moment, mais je ne le pouvais pas, tout simplement. J'ai rencontré Éléonore à un cours de droits. Elle était belle, bien plus âgée, mais ravissante. Elle possédait une classe naturelle tout simplement. Je me suis assis au premier rang et j'ai écouté ce qu'elle disait. Je buvais ses paroles, niveau droits, je voulais être bon, je crois. Elle était plutôt pas mal, mais elle était mon professeure et j'étais son étudiant. Rien ne s'est passé, du moins au début. Un soir alors que nous quittions tous le cours son ordinateur portable l'a lâché. Elle m'a alors demandé de l'aider. Je me suis alors assis à sa place et j'ai essayé de récupérer son ordinateur. Malheureusement, c'était trop tard, il était mort. Je lui ai alors dit que c'était fichu, elle m'a remercié en posant une main sur la mienne, je l'ai ôté. Mes démons ont alors resurgis, je ne supportais pas que l'on me touche et cela est toujours le cas … enfin cela dépend des personnes … Mais à cette époque je ne supportais pas les contacts physiques. Elle a tout de suite remarqué la souffrance dans mon regard. Je suis alors parti sans un mot, la mâchoire crispée. Je me suis alors dit que je ne pourrais jamais toucher une femme. J'aime les femmes, mais cela n'a jamais été simple. J'étais encore vierge à dix-neuf balais, je sais ça craint. Lorsque nous nous sommes revus, j'ai été assez distant, voir très, voir même beaucoup. Je ne voulais plus croiser son regard, parce que je savais que j'y décèlerais de la pitié. Personne ne savait ce que j'avais vécu avec mon père, heureusement j'étudiais à Paris et lui était resté à Nice. J'avais décidé de partir, il le fallait. Les coups pleuvaient beaucoup moins, j'étais devenu fort, mais je rendais les coups. Au bout d'un moment, je refusais de porter de nouveau la main sur mon géniteur. Je ne sais pas qui m'avait inculqué les valeurs que j'avais, mais une chose était certaine : cela ne venait pas de mon père. À l'époque je le nommais géniteur, aujourd'hui j'ai appris à ne plus lui en vouloir, après tout, comme le disait si bien mon psychiatre, nous n'avons qu'un père.

Je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit. J'ai tourné encore et encore, je savais que je ne pourrais pas dormir. Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de la mort de ma meilleure amie Annabeth. Tout c'est passé tellement vite, mais cela n'a rien changé : j'ai toujours encré sur ma rétine là façon dont elle est partie. C'était un soir, elle devait ne pas être chez elle. J'en ai profité pour rejoindre sa mère chez eux. C'était mon professeure à l'université, finalement j'avais succombé à ses charmes, mais nous reviendrons sur cela plus tard. Nous étions nus sur le lit, j'étais en elle, nous arrivions à l'orgasme lorsqu'elle a ouvert la porte de la chambre de sa mère. Annabeth m'a vu nu, avec sa mère dans son lit. Elle est alors partie en trombe, j'ai enfilé mes vêtements et je l'ai retrouvé. Annabeth pleurait dans sa chambre sur son lit. Elle refusait que je la touche, elle ne voulait pas entendre mes explications. Il y avait une attraction entre sa mère et moi, c'était inévitable. Je n'étais pas amoureux d'elle, je n'ai jamais connu l'amour, du moins à cette époque. Elle s'est alors levée, je ne savais pas quoi faire, comment agir. Elle m'a demandé de m'en aller, mais je ne le pouvais pas. C'est à cet instant qu'elle est allée près de son bureau. Elle avait une arme. Je me souviens de l'avoir supplié de la lâcher, mais elle ne m'a pas écouté. Elle l'a mise au niveau de sa tempe et elle a appuyé. Elle est décédée sur le coup. J'ai alors hurlé, je suis tombé. Sa mère est arrivée, elle a alors vu le corps inerte de sa fille et puis c'est le trou noir …

Je ne supporte plus d'être au bureau. Aujourd'hui je ne serais pas productif et puis j'ai besoin de m'aérer l'esprit. Je ne prends pas la peine d'appeler mon chauffeur, j'ai tout bonnement besoin de marcher. J'ai enfilé mon manteau, j'ai pris mon sac avec mon ordinateur et j'ai marché sans aucun but. Il fallait que je réfléchisse, non, il fallait que je cesse de penser à ce jour où je l'ai perdu à jamais. Il commence alors à pleuvoir et je décide de m'abriter. Je ne sais pas si c'est un signe du destin, mais je me suis retrouvé devant le café d'un bon ami à moi : Noah. J'ai donc poussé la porte. J'ai toujours aimé l'atmosphère qu'il y règne, même si le café est parfois trop bondé. Enfin cela arrange les finances de mon ami, j'en conviens. Lorsque je cherche un endroit où m'asseoir, je m'y installe et je retire mon manteau. Je suis épuisé mentalement et cela joue sur ma forme physique. J'ai la nette impression d'avoir couru un marathon alors que cela n'est pas le cas. Je regarde autour de moi, je remarque que des femmes posent leur regard sur moi, mais je m'en moque. Je cherche seulement mon ami Noah. Comme je ne le trouve pas je décide de sortir mon ordinateur pour travailler un peu. Un serveur vient alors me voir pour me demander ce que je désire boire, je lui dis qu'un chocolat chaud me conviendrait parfaitement. « Excusez-moi, pouvez-vous dire à Noah le propriétaire que je suis ici ? Dites lui qu'il s'agit de Conrad. » Il m'annonce alors qu'il va le prévenir et je commence à relire le dossier de mon nouveau client. Les informations n'arrivent pas à m'atteindre, finalement je pense que je ne vais pas pouvoir m'avancer aujourd'hui dans mon travail.

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Je n'arrête pas de penser à Annabeth. Dès que j'ai croisé son regard j'ai compris qu'elle serait importante. Cela ne m'était jamais arrivé. Je n'étais pas amoureux, je ne l'ai jamais été avant Erin, mais je savais qu'elle serait importante à mes yeux, du moins plus importante que le reste des personnes présentent dans ma vie à cet âge. Je l'appréciais beaucoup, son frère aussi, nous étions amis, cela avait accroché rapidement pour nous également. J'appréciais Achille, il était un peu comme le frère que je n'avais jamais pu avoir. Malheureusement, je ne connaissais pas leur mère, si j'avais su dès le début, rien ne se serait déroulé ainsi. Je sais qu'Achille m'en veut toujours. Notre lien s'est brisé et je suis parti de Paris. J'ai pris toutes mes affaires en cours d'année et je m'en suis allé pour retourner à Nice. J'ai essayé de tout oublier, mais quand on voit une personne en finir devant ses yeux, je pense qu'on ne peut pas l'oublier. Lorsque je suis revenu à Nice, la mère d'Annabeth n'a pas cessé de m'appeler. Je n'ai jamais répondu, puis j'ai changé de numéro de téléphone tout simplement. Je ne voulais plus d'elle dans ma vie, je la détestais, je la déteste toujours. Bien sûr, il faut être deux pour coucher, je ne dis pas le contraire, mais elle a profité de ma faiblesse, de mes souffrances, de mes peurs. Elle a abusé de moi, je suis rentré dans son jeu et j'ai perdu les deux personnes que j'appréciais. Achille et Annabeth m'étaient précieux et je les ai perdu à cause de leur mère. Je m'en veux, je continuerais à m'en vouloir jusqu'à ma mort, j'en suis persuadé. Je n'ai jamais parlé de ces personnes à mon entourage d'ici, celui que j'ai à Nice. Ils savent seulement que j'ai poursuivis des études de droits à Paris avant de rentrer ici, à Nice. Tous pensent que je suis rentré pour mon père, mais cela n'était pas du tout le cas, bien au contraire. J'avais décidé de prendre un studio, je ne voulais plus vivre avec lui. Notre relation était terminée, il n'avait été que mon géniteur, du moins c'est ce que je pensais durant cette époque. Aujourd'hui je lui rends visite à lui, mais aussi à ma défunte mère, même si je ne l'ai pas connu. J'aurais aimé avoir une belle famille, des parents aimants, des amis, une petite amie normale qui pourrait me toucher, j'aurais aimé me marier, avoir des enfants, mais je ne suis pas certain que cela pourra un jour se réaliser, j'en doute très fortement …

Revenir à Nice n'a pas été chose facile. J'avais la nette impression que mon passé me rattrapait, mais je préférais encore celui-ci plutôt que celui que j'avais vécu à Paris. Heureusement j'ai obtenu mon diplôme et je suis devenu avocat. Tout se passait bien jusqu'au jour où j'ai reçu un coup de fil alors que j'étais à mon bureau à travailler. « Avocat Adams, que puis-je faire pour vous ? » Je tapais au même moment sur mon clavier et j'écoutais ce que l'on me disait au bout du fil. Mon père était à l'hôpital, il avait fais un malaise, je n'en savais pas plus. Je n'avais pas envie de me déplacer quand le médecin n'a annoncé que c'était grave. J'ai alors cessé de respirer. Il pensait qu'il s'agissait d'un cancer foudroyant, qu'il ne resterait plus très longtemps ici, avec moi. Même si je le détestais, j'ai ressenti une immense douleur dans ma poitrine. Je n'ai pas su dire quoi que ce soit. Le médecin est resté au bout du fil le temps que la pilule passe. Il m'a alors annoncé qu'il allait faire plus d'examens, mais qu'il était quasiment sûr de son diagnostic, il manquait à savoir quand il allait partir. J'avais alors demandé à mon patron de m'en aller immédiatement pour aller au chevet de mon père. Il savait que je ne parlais jamais de mes proches alors lorsque je lui ai demandé de partir il a rapidement dit oui. Je ne savais plus comment agir, je ne m'étais pas senti aussi mal depuis longtemps. Lorsque j'étais dans l'ascenseur pour le voir j'ai appuyé sur le bouton d'arrêt et je me suis mis à pleurer, à hurler et à frapper la cabine jusqu'à perdre le souffle. Je me suis effondré, je n'arrivais plus à retrouver mon souffle et après des minutes interminables je suis sorti pour le rejoindre à l'hôpital.

J'ai alors repensé au décès de ma défunte mère en me donnant la vie, à la mort d'Annabeth qui s'est suicidée devant moi, puis au décès de mon père. Oui, il avait réussi à devenir mon père alors qu'il était à l'hôpital, il avait gagné le droit à ce que je l'appelle papa. Tout ce qui a été difficile à vivre remonter à la surface. J'aurais mieux fait de boire chez-moi, de ne pas aller au boulot. Annabeth hante mon esprit, je n'arrive pas à l'occulter. Heureusement je sais que je peux compter sur mon ami Noah. Je me suis rendu à l'endroit où il travaille, puisqu'il s'agit d'un café bien spécifique. Ce n'est pas un café comme les autres, ici on peut travailler ou encore lire puisqu'on trouve beaucoup de bibliothèques emplie de bouquins. Parfois, je me demande si mon ami Noah les a tous lu ou non, mais je ne lui pose pas la question, je préfère imaginer. J'ai commandé un chocolat chaud, c'est ce que nous buvions toujours Annabeth et moi à la fin des cours. Nous nous rendions au même café tous les jours, ils faisaient les meilleurs chocolat chaud. Je donnerais tout pour revivre cet instant, mais cela m'est impossible. J'aimerais aller mettre des fleurs sur sa tombe, mais je ne peux pas. Je suppose que je ne suis toujours pas près, même après ces longues années qui se sont écoulées. J'envoie tout de même des fleurs, je connais une personne qui s'en charge très bien. J'ai confiance, puis je reçois toujours une photo de sa tombe avec mes fleurs, c'est une sorte de deal qu'on a mis en place ensemble, un ami et moi. Aujourd'hui je n'avais pas encore reçu la photo, je me demande bien ce qu'il peut faire. Lorsqu'arrive Noah je lui souris, mais le sourire est dépourvu de bonheur, il annonce même une énorme tristesse. Noah s'assoit à ma table et il me demande si je vais bien. Je devrais sans doute faire comme le commun des mortels, dire toujours oui quand on nous demande comment on va, parce que dans le fond ils s'en moquent, c'est seulement pour être poli. Je pousse un petit soupire avant de lui annoncer tout bas : « C'est l'anniversaire d'une amie à qui je tenais, mais qui n'est plus là. Elle est décédée par ma faute, alors je broie du noir. » Je ne le fixe pas, je n'ai jamais révélé autant de choses sur mon passé. Lorsque mon chocolat chaud arrive je prends la tasse entre mes mains avant de continuer : « J'essaye d'avancer sur un dossier, mais je pense que ce n'est pas le jour. » Je hausse alors les épaules, mes prunelles sont injectées de sang. Je sais que je peux faire confiance à Noah, mais je n'ai pas envie de gâcher sa soirée, ni la mienne d'ailleurs alors je change de sujet. « Je vois que ton café spécial est rempli, je suis très heureux pour toi, mais aussi très fier. Tu mérites que tout fonctionne pour toi. »  Je décide alors de boire une gorgée de mon chocolat chaud, mais c'est encore trop chaud pour moi. J'ai soudainement envie de manger quelque chose, je n'ai rien avalé de la journée. Puis, je me souviens d'une chose, j'en ai entendu parlé brièvement, apparemment des personnes pourront chanter au café de mon ami. « C'est vrai ses rumeurs comme quoi des gens vont chanter ? Je ne te demande pas cela pour chanter moi-même ne t'en fais pas. » Un sourire nait sur mon visage, le premier de la soirée.