✩. tu es l'étoile qui me guide dans l'obscurité, tu es celle qui panse mes peines.

✩ tu es l'étoile qui me guide dans l'obscurité, tu es celle qui panse mes peines.

Je fais couramment d'affreux cauchemars. Il faut admettre que j'ai pas mal de personnes décédées dans mon entourage. La première c'est ma mère. Je ne l'ai pas connu, pourtant je l'aime. Cela peut sembler étrange, mais parfois, j'ai la nette impression de l'apercevoir lorsque je rêve … Je ne l'ai pas connu, mais je l'ai déjà vu. Mon géniteur, enfin mon père avait de nombreuses photos d'elle et depuis son décès j'ai récupéré pas mal de choses qui leurs appartenaient. Je ne pensais pas que je serais près pour cela, mais je l'ai tout de même fait. C'était un weekend, difficile, trop difficile. Je ne dormais plus, je ne mangeais plus, je sombrais tout bonnement. Mes meilleures amies étaient les bouteilles de vins, rien d'autre. Durant ce laps de temps, je me suis fait porter « malade » au travail que j'avais. Je n'ai jamais été malade, enfin seulement si être malheureux est une maladie, que dis-je la souffrance. J'essaye toujours de repousser le moment où je dois aller me coucher, mais cela n'est pas évident puisque j'ai un travail qui me prend quasiment tout mon temps durant une journée. Le matin je me réveille dans les coups de quatre heures du matin, j'enfile mes vêtements de sport et je cours le long de la mer. Après avoir couru une bonne heure, je rentre dans mon duplex de luxe et je prends une douche brulante. Je n'ai jamais trop aimé les bains, je ne sais pas pourquoi, cela doit certainement venir de mon passé, mais je pense que mon cerveau à archiver beaucoup de choses pour ne pas que je souffre davantage. Ensuite, j'enfile l'un de mes plus beaux costumes sur mesure et je m'en vais avec mon ordinateur portable et quelques affaires, quelques notes pour travailler. Je ne savais pas réellement ce que je désirais faire lorsque je n'étais qu'un bambin. J'aurai pensé devenir drogué ou alcoolique, mais cela n'a pas été le cas. Je n'ai été bourré qu'une seule fois, lorsque je suis allée faire le tri dans les affaires de mes géniteurs …

Je dois admettre que malgré tout ce que j'ai vécu avec mon père, je l'aime tout de même et cela pour toujours. Il souffrait c'est une évidence et moi-même je souffre à cause de nombreuses choses, ma défunte mère, le décès de mon paternel à cause d'une maladie dévastatrice, mais aussi à cause d'elle … J'ai toujours refoulé ce « passage » de mon existence. Étrangement, il me rattrape en ce moment. Je n'en connais pas les raisons, je sais seulement qu'il me hante. Durant un moment, c'était bien entendu le décès de mon père qui me hantait. Il était encore jeune, mais le cancer se moque de l'âge malheureusement. De toute façon, je pense que personne ne mérite de souffrir autant. Nous sommes dans un monde où les maladies, les douleurs ne devraient plus exister. Pourquoi ? On va sur la lune, on traverse les mers et puis en Chine il y a même des robots qui nous conduisent où on désire se rendre etc. Nous avons évolué, mais je pense que « les grandes têtes » jouent avec nous, comme des pions sur un jeu d'échec. On ne peut pas prévoir qui sera le prochain, mais de toute façon cela est inévitable. Cela l'a été pour ma mère, mon père, mais aussi pour elle. Comme je le disais, j'ai cessé de rêver de mon paternel, en fait, elle hante mon esprit. Cela n'est pas parce qu'il s'agit de mon anniversaire, ou bien encore le sien … peut-être est-ce une autre date importante, je ne sais pas. J'ai fermé à clef ce que j'ai vécu avec elle, j'ai décidé de tout occulter pour ne pas souffrir davantage …

Lorsque je me réveille enfin, le soleil commence à se lever. Mon souffle est coupé, j'ai l'impression de suffoquer. Mon coeur cogne contre ma cage thoracique et j'essaye de gérer ma respiration. C'est ainsi tous les matins, enfin du moins tous les jours où je pense à elle. Je souffre tant que je peux sentir mon coeur battre dans mon bras. Je pensais que je sombrerais, vraiment, mais elle est apparue dans ma triste vie. Elle se prénomme Erin Cohen, mais je n'en sais pas plus. Bien entendu, j'aurais pu me renseigner sur elle, mais je ne l'ai pas fait. Lorsque j'ai croisé son regard pour la toute première fois, j'ai vu quelque chose, une cassure qu'on ne pourra jamais réparer. C'est peut-être pour cette raison qu'elle m'a plu au début, puis j'ai commencé à la regarder elle. Son visage de poupée m'a séduit, la finesse de son corps, de ses courbes. Erin est magnifique. C'est réellement une très belle femme. Nous n'avons pas pu nous contenir, nous avons tout simplement couché ensemble à l'arrière de ma voiture. Nous en avions besoin je pense, en fait, cela est évident. Elle avait besoin d'un contact avec un homme et moi j'avais besoin d'un contact avec une femme. Je l'ai conduite à l'hôpital puisqu'elle souffrait de sa cheville et nous avons échangé mes numéros. Malheureusement elle ne m'a jamais appelé, moi non plus d'ailleurs. Ce n'est pas que je ne désirais pas le faire, c'est simplement que j'avais peur. Mon passé me rattrape avec « elle ». Je lui ai donné mon coeur et il a été brisé. Je me suis promis de ne plus jamais aimer, seulement j'ai rencontré Erin Cohen. Il est certain qu'il y a une véritable attirance entre nous, mais aussi et surtout une alchimie et cela m'a longtemps fait peur. J'ai encore peur d'ailleurs, mais j'ai besoin d'elle. Je pense qu'elle est devenue ma drogue et que je suis totalement accroc. Lorsqu'elle est près de moi, mes démons disparaissent ainsi que son souvenir. J'ai besoin de miss Cohen pour panser ma peine, mes douleurs, l'immense trou béant qui m'habite.

Je pars tout de même travailler, je pense que cela est bien mieux pour moi de toute façon. Il faut que je m'occupe l'esprit en vérité. J'en ai un besoin maladif. Je suis toujours prêt à défendre une personne qui je pense ne pas être coupable. Je n'ai jamais eu le cran de défendre un coupable, il paraît que c'est cela qui fait un bon avocat, mais je m'en moque. Je préfère être moins bon, mais surtout toujours penser que j'ai été droit dans mes bottes. Je ne pourrais plus me regarder dans le miroir si je venais à faire gagner un coupable. Ce n'est pas moi, cela n'a jamais été moi. D'ailleurs, personne ne sait qui je suis réellement, il n'y a eu qu'elle qui a percé l'homme que j'étais véritablement. Parfois elle me manque, parfois je me dis que j'aurai préféré ne pas la rencontrer, mais quelques secondes plus tard je me rends compte que je ne le regrette pas du tout. Elle m'a aimé comme personne ne m'a jamais aimé. Durant une période elle a été l'amour de ma vie, mais il faut croire que cela s'estompe avec le temps. L'humain a lui aussi plusieurs vies. Lorsqu'un de ses proches décède, l'humain à la capacité de tout recommencer à zéro pout avancer et continuer à vivre. Bien sûr, il y a beaucoup de personnes qui n'y arrivent pas et je pensais sincèrement faire parti de ses personnes, mais je l'ai rencontré. Elle me manque, je n'arrive pas à me concentrer, alors je décide de lui envoyer un texto. « Bonjour miss Cohen, j'aimerai que l'on se voit, enfin si vous le désirez. » Puis je supprime le tout et je n'envoie rien. Je n'arrive pas à prendre mon courage à deux mains pour le moment, je me lance alors dans une relecture d'un dossier que mon patron m'a demandé de diriger. Il veut faire de moi son bras droit, son associé, c'est tout ce dont j'avais toujours rêvé, mais lorsque ça arrive on se rend parfois compte que cela n'a jamais été le cas, ou bien que cela ne l'ai plus. En attendant, je me plonge de nouveau dans mon dossier. Il est dans les coups de treize heures lorsque je décide qu'il est temps que j'aille manger. Ma secrétaire me demande toujours si je désire déjeuner avec elle, mais je réponds toujours poliment que non. Mon chauffeur m'attend en bas, je n'ai plus qu'à monter en voiture et d'attacher ma ceinture. Il y a un petit restaurant peu connu dans le coin et je m'y rends tous les midis. Avant je cuisinais beaucoup, malgré le travail et le reste et puis elle est partie. Je n'ai plus jamais cuisiné quoi que ce soit, même s'il y a peu de temps je me suis décidé qu'il fallait que je m'y remette. En attendant que  je sois près je déjeune toujours dans ce restaurant, toujours à la même table. Je connais le patron et les employés, ils sont tous réellement sympathique, mais je suis de nature très lunatique. Enfin, mon psychiatre me dit que si je suis distant avec les gens ou bien encore sec, c'est tout bonnement parce que je ne désire pas souffrir davantage. Cela a été le cas pour mon géniteur, ma mère même si je ne l'ai pas connu et puis pour « elle ».

Lorsque je monte dans ma voiture de nouveau c'est pour travailler encore durant quelques heures. C'est dans les coups de dix-neuf heures que je me décide enfin à envoyer un texto à miss Erin Cohen. Je ne sais pas comment m'y prendre, j'ai la nette impression que j'ai tout oublié. Cela devient tout bonnement critique, mais j'ai une sorte de blocage. Bien entendu j'aimerai ne pas l'avoir, mais ce n'est pas le cas. Du coup, c'est à l'heure avancée de vingt heures trente que je lui envoie un texto. Je lui demande de me retrouver ce soir au casino pour boire un verre. Je n'aime pas forcément ce genre d'endroit, mais le but n'est pas là. Je compte bien l'emmener loin du casino pour passer du temps avec elle en toute intimité. J'aimerai écouter le son des vagues, profiter du silence. Erin me plait énormément, seulement, je ne suis plus habitué à être touché par qui que ce soit. Mon père a abusé de moi, il me frappait, je n'ai plus confiance, enfin avant « elle » et avant de rencontrer miss Cohen. Je ne sais pas si je dois lui parler de mon passé, je pense que seul l'avenir compte et pour le moment j'ai tout simplement envie  d'avoir un avenir avec elle. Mon passé n'est pas d'accord, mais malgré tout je mets ce passé de côté, du moins j'essaye … J'arrive en avance au casino. Je ne sais pas si je dois commencer à boire, je suppose que non, malgré mon enfance j'ai de bonnes manières. Lorsque j'aperçois Erin au loin, mon coeur se serre dans ma cage thoracique. Je l'apprécie beaucoup trop, ce n'est pas normal, je crois que l'on nomme cela « un coup de foudre ». Un sourire étire mon visage, je me lève, elle est divine, encore plus que la dernière fois où nous nous sommes vus. Je prends alors délicatement l'une de ses mains et je la baise. « Je suis heureux de vous voir miss Cohen. » J'aimerai sentir son odeur, presser son joli minois tout contre moi, mais je ne sais pas si cela est de rigueur, je me contente alors de serrer tendrement sa main ainsi que de plonger dans son regard qui apaise mes souffrances, dans son regard qui font fuir mes démons.

✩ tu es l'étoile qui me guide dans l'obscurité, tu es celle qui panse mes peines.

Je ne sais pas pourquoi elle m'apaise. Je n'ai jamais été si proche d'une personne, dans le sens où j'en ai besoin. J'ai besoin de cette brune depuis que je l'ai rencontré. Je n'ai jamais dépendu de qui que ce soit pour être franc, d'ailleurs jamais je n'aurais pensé que cela arriverait un jour et puis je l'ai rencontré … Erin est apparue dans ma vie et au jour d'aujourd'hui je n'imagine pas ma vie sans elle. Elle m'est précieuse, elle est mon trésor, j'aimerais la protéger, la garder, la défendre, l'aimer … Je l'aime déjà, mais je ne sais pas si cela est réciproque. Je suis certain qu'il y a une attirance entre nous, c'est indéniable, mais est-ce qu'elle m'aime comme moi je l'aime ? J'ai la sensation que non. Elle m'évite, elle ne m'envoie pas de message alors qu'elle a mon numéro. Je sais qu'elle a un passé difficile, je sais qu'elle a perdu son époux, mais je sais cela parce que j'ai vu les informations et que j'ai lu les journaux. Je dois bien admettre que cela m'a mis un coup lorsque je l'ai appris. Comment pourrait-elle aimer un homme comme moi alors qu'elle était avec une star et qu'il lui a demandé sa main lors d'un concert ? Je ne suis pas à la hauteur et cela pour personne. Je suis un moins que rien, je ne sais même pas pourquoi j'existe, je ne le mérite pas. Je suis éperdument amoureux de la belle Erin, mais à l'évidence je ne l'aurais jamais. Une femme comme elle, si belle, si intelligente, si douce, si sexy, pourquoi s'intéresser à un homme comme moi ? Je respire la solitude, la souffrance, je ne suis personne. Bien sûr, j'ai un boulot, je fais tout pour devenir associé, mais hormis mon travail qu'est-ce que j'ai ? Rien. J'ai perdu ma mère à la naissance, d'après mon géniteur, enfin non d'après mon père c'était à cause de moi et puis je l'ai perdu lui aussi … C'était un cancer, il n'a pas tenu plus que quelques mois, pourtant il avait les meilleurs médecins. J'ai tout fait pour qu'il reste en vie quand j'ai compris que ce n'était pas une solution pour lui, mais en réalité pour moi. Il allait mourir de toute façon, je ne pouvais rien y faire, hormis gratter des jours, des semaines, peut-être des mois. Puis, il est décédé. J'étais à son chevet, je sentais que cela allait arriver. Je crois qu'on le sent tous quand un jour une personne que l'on aime décède. Oui, j'aimais mon père, peut-être pas au début puisqu'il me violentait et qu'il me violait aussi, mais durant le temps où il s'est fait soigner, il a montré son véritable visage : celui d'un père aimant. J'ai été heureux de le découvrir ainsi, je lui ai tout pardonné … Il me manque réellement, je ressens un immense vide quand je pense à lui, je n'y aurais jamais songé avant de le vivre … Lorsqu'à eu lieu son enterrement j'étais seul. Je n'ai prévenu aucun de mes proches, il n'y avait que le prêtre et moi. Il pleuvait. J'avais les poings serrés, je souffrais. J'avais la nette sensation que le temps avait cessé de s'écouler, c'était atroce. Je ne m'étais pas rendu compte que je l'aimais autant avant ce jour, ce jour terrible où il fallait l'enterrer.

Je n'avais pas perdu que mon père, ni même ma mère. J'avais une meilleure amie à Paris lorsque j'y ai étudié. Elle se prénommait Annabeth. Elle était douce, belle, intelligente, mais je ne voyais qu'une amie en elle. Je l'aimais certes, mais pas de la façon qu'elle désirait. Je m'aimais pas réellement qui que ce soit dans le fond, du moins à cette époque. Annabeth était une chouette fille, mais je souffrais. Je n'avais pas de place dans mon être pour l'amour, je ne connaissais que la souffrance. J'avais dans les dix-neuf ans, je voyais qu'elle m'aimait, mais je n'en faisais rien. Je lui ai expliqué, je lui ai dit que ce n'était pas réciproque, mais elle espérait. J'aurais dû partir, retourner à Nice, mais je ne voulais pas revoir mon père, puisqu'à l'époque je ne ressentais que de la haine à son égard. Lorsque j'ai rencontré Éléonore, je venais de commencer les cours de droits à la FAC à Paris. Elle était somme toute classe, belle, elle respirait la grâce et l'intelligence, mais je m'en moquais. Je ne ressentais rien, du moins hormis la haine et la douleur. Je ne pensais pas vivre quoi que ce soit avec elle, à vrai dire je ne pensais pas vivre quoi que ce soit avec personne. Un soir, elle m'a demandé de l'aider pour son ordinateur, je ne comprenais pas pourquoi elle m'avait choisi moi, mais j'ai essayé de l'aider. Elle a alors posé une main sur la mienne et je m'en suis allé sans prendre le temps de dire quoi que ce soit. Elle avait lu la peine et la souffrance dans mon regard … Je m'étais dit que je devais partir, retourner à Nice, mais je ne voulais pas affronter une nouvelle fois mon père. Alors je suis resté à la capitale et elle m'a alors proposé quelque chose que j'aurai dû refuser. Je souffrais tellement, mais elle m'a dit que je pouvais lui faire mal, que je pouvais la posséder. Je n'avais jamais eu de contact intime, mais avec elle je pouvais. Elle m'avait proposé d'attacher ses mains pour ne pas me toucher et je pouvais faire ce que je désirais de son corps. La première fois je me suis rendu compte que c'était bien mieux que de se battre. Je pouvais faire ce que je désirais d'elle, je crois que c'était cela qui me plaisait dans le fond. J'étais brutal, cela m'aidait, je m'ouvrais aux autres, mais je refusais toujours le contact physique. J'abusais d'elle, j'en avais besoin. Toutefois, je n'étais pas amoureux pour autant, bien au contraire, en fait j'abusais d'elle pour cesser de souffrir, elle ne servait à rien d'autre. J'ai par la suite appris qu'elle était la mère d'Annabeth, j'avais songé à tout arrêter, mais j'avais trop besoin de cette impression de « puissance » lorsque je la possédais. Elle était à ma merci, ce n'était que cela qui m'aidait. Lorsqu'Annabeth a tout découvert elle s'est suicidée sous mes yeux. Je la perdais elle aussi … J'ai fuis, je suis parti de Paris et j'étais de retour à Nice. Je n'étais plus le même homme, j'avais changé, mais pas dans le bon sens. Je n'aimais toujours personne, je me fichais bien des femmes qui m'épiaient. Je voulais seulement ressentir de nouveau cette « puissance », mais je me le refusais. J'étais allé vivre ailleurs, je ne pouvais pas continuer cette relation malsaine avec mon père, dès que je le voyais je lui rendais les coups que lui-même m'avait infliger alors que j'étais enfant. Je ne prenais plus de ces nouvelles, il n'existait plus, du moins à l'époque. Les femmes qui aimaient être possédé ne courraient pas les rues, puis je n'en avais pas besoin, je m'étais plongé dans le sport pour expulser ma haine. Je prenais des muscles, je poursuivais mes études, tout allait pour le mieux. Personne ne me touchait, je n'aimais personne, j'essayais d'oublier mon passé, tout mon passé. Je suis devenu un très bon avocat, je me suis pris un duplex de luxe et puis j'ai continué à vivre seul, quand je l'ai rencontré.

Je courrais, elle aussi, elle était magnifique, même avec la sueur, elle était belle, ses joues étaient roses, ses lèvres semblaient juteuses, elles étaient pleines. Je tombais sous son charme en moins d'une seconde. Sa cheville lui faisait mal, elle se l'était sans doute foulée. Je lui ai alors proposé de l'aider, elle ne voulait rien au début et puis je l'ai porté jusqu'à ma voiture, mon chauffeur nous attendait. Elle avait ses mains autour de ma nuque, mais je ne souffrais pas, au contraire, mon coeur battait à la chamade. Erin, c'était son prénom. L'attraction entre nous était si forte que nous avons couché ensemble dans ma voiture. Ensuite je l'ai déposé à l'hôpital, nous avons échangé nos numéros et plus rien. Je n'osais pas l'appeler, je n'acceptais pas la dépendance que j'avais déjà pour elle. Nous nous sommes revus chez une amie en commun, mais ensuite plus rien une nouvelle fois. J'ai alors compris que je n'étais de nouveau personne. Pourquoi m'aimerait-elle ? C'était stupide. Je souffrais, j'avais besoin d'elle, mais je le refusais. Puis, aujourd'hui je lui ai envoyé un message. Je ne sais pas vraiment pourquoi je l'ai fais, sans doute parce que je ne souffre plus en sa présence et que j'ai un besoin désespéré d'aller mieux, même s'il ne s'agit que de quelques minutes, voir secondes … J'ai cessé de respirer depuis la dernière fois qu'elle m'a quitté. Lorsque je l'aperçois enfin mon coeur bat toujours à la chamade. Je suis boulversé, mais j'ai besoin d'elle. Sa main est dans la mienne, elle est encore plus belle, je me sens dépendant, je suis comme un drogué qui attend de prendre sa came. Elle m'annonce alors que j'illumine sa journée, je me sens « heureux », enfin je suppose que c'est cela, parce que je ne l'ai pas été une seule fois avant ce soir. « Si vous saviez à quel point vous illuminez la mienne miss Cohen. » Je souris, bêtement, j'ai l'impression d'être un adolescent. « Hum … en fait non. On va seulement boire un verre, ensuite on verra. » Je n'aime pas les endroits où il y a beaucoup de bruits, mais je pourrais tout supporter pour elle. Je nous commande à boire, je tiens toujours sa main quand je pose mon regard sur ses lèvres. Je me rapproche alors d'elle et je l'embrasse. J'ai besoin de ce contact, je dépose mes mains dans son dos pour qu'elle se rapproche de moi, mon sexe est dur, je bande, je veux qu'elle le sente. J'ajoute ma langue, je me perds dans notre baiser, mais surtout, à cet instant, je ne ressens plus aucune souffrance.

✩ tu es l'étoile qui me guide dans l'obscurité, tu es celle qui panse mes peines.

Je ne connaissais ni l'amour, ni même la joie avant de rencontrer Erin Cohen. Le soucis ? Je ne serai jamais à la hauteur de son défunt époux, je ne serais pas à la hauteur tout simplement. On peut croire que j'ai toutes les femmes que je désire, mais cela est faux. Lorsqu'on gratte un peu, on me fuit. Je ne suis pas un homme heureux, qui raconte des blagues, ni même un homme doux, qui couvre de cadeaux sa compagne. Le chocolat et les fleurs ne sont pas mon truc, à l'image de monsieur Grey. Je suis un peu comme lui dans le fond, je n'ai jamais connu l'amour, du moins avant d'avoir rencontré cette brune qui fait chavirer mon coeur. Je suis totalement effrayé, je voudrais l'oublier, mais mon esprit n'est pas d'accord. Erin est belle, mais elle est brisée, tout comme moi, j'en conviens, mais elle ne voudra jamais d'un homme comme moi. Je suis un minable qui ne mérite aucunement l'amour de qui que ce soit. Par exemple je n'ai jamais fêté l'un de mes anniversaires, je ne sais pas pourquoi on fêterait ma naissance alors que personne n'a jamais réellement voulu de moi. Personne ne m'aime d'un amour inconditionnel. Je pense que je ne le mérite pas. Dans une vie antérieure j'ai dû être un vrai connard. À présent j'en paye le prix … Lorsque mon père est décédé j'ai cru que mes démons partiraient avec lui, mais j'ai eu tord. Parfois les blessures que l'on afflige à son esprit sont beaucoup plus fortes et beaucoup plus dévastatrices qu'une plaie ouverte. Je suis brisé de l'intérieur, littéralement. Un tsunami a tout emporté sur son passage et, aujourd'hui je ne ressens qu'un immense vide que je n'arrive pas à combler. Ce vide me fait mal, j'ai l'impression qu'une main serre mon coeur, parfois j'ai même la sensation que cette douleur me coupe le souffle. Je ne suis pas né pour être heureux, je ne connais pas encore la raison de mon existence, mais une chose est sûre : je me bats et je ne cesserais jamais de me battre. Un jour, je sourirais peut-être à la vie, même ne serait-ce que cinq secondes. J'essaye depuis toujours d'attraper le bonheur, je n'y arrive jamais, mais parfois je le frôle et même si ce n'est rien comparé à des personnes qui arrivent à l'avoir, à l'attraper, je connais ma chance de pouvoir ne serait-ce que l'effleurer. Beaucoup de personnes n'ont pas cette chance. Je n'ai jamais songé ainsi avant de connaître Erin. J'étais plutôt du genre à broyer du noir. Puis, je l'ai vu. Elle courrait, je l'avais déjà remarqué avant de l'aborder. Je la trouvais belle avec ses pommettes roses à cause de la course. Elle s'était fait mal à la cheville, sa beauté était à couper le souffle. J'ai compris que j'avais besoin d'elle. Erin est un ange, elle a été mise sur ma route tout simplement. Cela peut paraître stupide, mais je crois au paradis, je crois aux anges malgré le fait que l'on ne m'a pas baptisé. Je crois que j'avais besoin d'avoir quelque chose à rattraper pour ne pas sombrer. J'avais besoin de cette idée de croire en Dieu, d'ailleurs j'y crois toujours. J'ose espérer que mes parents sont réunis et, que peut-être un jour nous serons tous les trois réunis. Seulement, pour le moment je découvre les joies de l'amour, mais aussi les peines. Je sais qu'Erin ne va pas se remettre de la perte de son époux rapidement. Elle désire seulement s'amuser, sans sentiment. Le second soucis ? Je suis tombé amoureux d'elle, en même pas une fraction de seconde. Dès que j'ai croisé son regard je suis tombé amoureux. Je n'avais jamais vécu cela auparavant, mais je sais qu'il s'agit d'amour. Pourquoi ? Je serai prêt à faire n'importe quoi pour qu'elle me remarque, pour qu'elle m'aime. Je suis le papillon trop proche de la lumière, celui qui se brûle les ailes. Erin est devenue mon soleil, mais je suis tout bonnement incapable de lui dire. Les mots ne sortent pas, puis de toute façon elle prendrait la fuite. Je pense que je ne suis qu'un homme de passage dans son existence, alors que ce n'est pas mon cas. Erin est la femme qui a fait que je vois les étoiles alors qu'avant de la connaître je n'observais que l'obscurité. Elle m'a permis de voir le monde avec des étoiles dans les yeux, au lieu d'avoir un regard empli de tristesse. Je n'ose pas dire que je suis heureux en permanence, je le suis seulement en sa présence. Lorsque je pense à elle je souris, elle a rallumé la flamme qui vivait en moi. Je n'en connaissais pas l'existence, lorsque d'un coup elle s'est allumée pour briller et ne jamais s'éteindre. Oui, je suis fou amoureux de miss Erin Cohen, mais elle ne le sait pas, du moins je ne lui ai jamais dit. Je ne veux pas la brusquer, puis elle a sans doute plus besoin d'un ami que d'un amant. Je serai prêt à attendre, je pense. Je sais déjà que je ne ressentirais jamais plus ce que je ressens pour elle. On dit que l'on a une âme sœur et je suis persuadé qu'il s'agit d'Erin. Malheureusement, celle d'Erin est son époux. Je ne sais pas si à long terme je pourrais rester à ne rien faire. Je suis la personne que l'on voit toujours en second plan sur les photos. Quant à Erin elle est toujours au premier plan. Elle brille, elle rayonne, elle est fabuleuse. Elle mérite d'être heureuse, d'ailleurs je ne souhaite que son bonheur, avec n'importe quel homme, même si j'aimerais qu'elle me choisisse moi. Je suis brisé, je suis torturé, je suis lunatique, je suis distant, je suis froid, mais lorsque nous sommes ensemble je ne suis plus cette personne. Quand je me trouve en présence d'Erin, je suis un autre homme, sans doute l'homme que je suis dans le fond. Un sourire s'étend sur mes lèvres lorsque je l'entends dire que notre soirée s'annonce intéressante. « Toujours lorsque je passe mes soirées avec vous miss Erin Cohen. »  Je ne peux m'empêcher de sourire en déposant un nouveau baiser sur ses lèvres. Elle me dit alors que les femmes me regardent, je ne les avais même pas remarqué. Je hausse les épaules avant de lui dire, en encrant mon regard dans le sien : « Il n'y en a qu'une qui m'intéresse, vous miss Cohen. Je me moque des autres femmes, elles n'existent pas à mes yeux. Nous ne sommes que tous les deux, dans une bulle. »  Je le pense. Avec elle je ne ressens plus la douleur. Puis de toute façon il n'y a aucune femme plus belle qu'elle ici et ailleurs, surtout lorsqu'elle me sourit. « Vous êtes la seule miss Cohen. »  Je l'embrasse une nouvelle fois, déposant mes mains sur les siennes. J'aimerais que cet instant dur toute notre vie, mais comme on le dit si bien les bonnes choses ont une fin. « Je vous propose de terminer nos verres dans un premier temps. »  J'avale une gorgée et j'ajoute : « Nous irons ensuite nous promener sur la plage, enfin si vous le désirez bien sûr. »  Je bois une nouvelle fois. Un sourire idiot reste planter sur mon visage. Je ne suis pas habitué à sourire. Je la dévore des yeux, j'ai la sensation qu'il n'y a plus personne autour de nous. Je suppose qu'il faudra éclater la bulle à un moment où un autre, mais pour le moment je profite de cet instant privilégié avec miss Cohen dans notre bulle.

✩ tu es l'étoile qui me guide dans l'obscurité, tu es celle qui panse mes peines.

Je me demande si je suis en train de rêver. L'instant est parfait, magique. Nous sommes dans une bulle, plus rien d'autre ne compte. Nous sommes bien ensemble, ainsi, l'un contre l'autre. Nos corps sont si proches, je sens la chaleur émaner d'elle, mais je sens surtout son coeur qui bat pour moi. Il bat si fort que je le ressens contre ma poitrine. Je dois bien admettre que le mien bat tout aussi fort, je pense même qu'à cet instant, nos deux coeurs battent à l'unisson. Je suis tombé amoureux d'elle à la première seconde et, maintenant je crois comprendre que cela est réciproque. Je suis vraiment dans un songe, cela n'est pas possible autrement. J'ai la sensation d'être sur un nuage, non, j'ai la sensation de planer. Erin est devenue ma drogue et je suis dépendant ainsi qu'accroc. Je ne supporterais pas de la perdre elle aussi, même si je sais que cela ne sera pas forcément toujours rose. Tout n'est pas blanc ou noir, il y a aussi des nuances de gris. Elle ne sait pas à quel point je possède de nuances, parce que oui, je suis fait de cinquante nuances de folies. J'ai un passé difficile, malgré le pardon que j'ai accordé à mon père je n'oublie rien. Je fais toujours les mêmes cauchemars, il me bat avec sa ceinture, je souffre, j'ai mal, mais je ne dois pas pleurer, sinon les coups sont encore plus forts. Il buvait, il mettait le fait que ma mère était décédée à cause de moi, je sais qu'il a raison. Je suis né et elle est décédée, j'ai pris sa vie en quelque sorte, mais je n'y pouvais rien. J'ai appris à pardonner à mon père et, je crois que je devrais commencer à me pardonner à moi aussi. Je pense que je vais devoir en parler avec mon psychiatre à notre prochain rendez-vous. Je n'ai pas parlé d'Erin à qui que ce soit, même pas à mon chauffeur et encore moins à mon psychiatre. Je ne sais pas encore quels sont les bons mots. J'ai l'impression que tout est irréelle, mais elle existe vraiment. Erin Cohen est une jeune femme intelligente, belle, douce, sexy, mais brisée. Tout comme moi. J'ai peur de la rendre malheureuse, je sens bien qu'elle me fuit, mais ce soir tout est différent. Je ne sais pas si cela vient de l'atmosphère de l'endroit où nous sommes, mais nous sommes plus proches que jamais. Je ne sais pas pourquoi je lui dis tout ce que je ressens, sans doute parce que j'ai bu quasiment la totalité de mon verre, mais aussi parce que j'ai pris mon courage à deux mains. Après tout, nos vies pourraient s'arrêter demain. Je ne veux pas regretter de ne lui avoir rien dit sur ce que je ressens pour elle. De ce fait, je lui dis qu'il n'y a qu'elle. C'est le cas, je l'aime. Miss Cohen est la seule et l'unique, j'en suis persuadé. Dès que je l'ai vu j'ai su que nos destins seraient liés. Je l'aime éperdument, je ne sais pas si elle le ressent, puis si cela n'est pas le cas je lui dirais tous les jours de nos existences que je l'aime. Lorsqu'elle me surnomme Dany je trouve cela adorable. Je rougis même je crois. Le sang me monte aux joues, je me sens gêner, personne ne m'a jamais donné de surnom parce que personne ne m'aimait avant elle. Je me surprends à sourire, je suis heureux, je touche le bonheur depuis Erin, non je l'ai même attrapé et à présent je ne le lâcherais jamais plus. J'aime l'écouter dire qu'elle est heureuse d'être dans mes bras. Elle s'y sent à sa place et tout naturellement je pense la même chose. Elle ne sait pas que je ne laisse personne m'approcher d'aussi prêt qu'elle. Je devrais penser à le lui dire, après tout nous sommes si proches. Nous nous connaissons depuis si peu de temps, mais je sais, c'est une évidence : je l'aime. On appelle ça un coup de foudre, je ne pensais pas que cela existait avant Erin. Elle me fait me sentir différent, j'ai l'impression d'être quelqu'un d'autre. Je ne connais pas le Conrad heureux, le Conrad gentil et doux, mais aussi câlin et amoureux. J'ai envie de le connaitre, je voudrais même qu'il remplace l'ancien Conrad, celui qui broie toujours du noir et qui souffre. Erin a ce pouvoir, elle est un ange et, elle est apparue dans mon existence sans que je m'en rende compte. À présent Erin est près de moi et je ne compte pas la laisser s'échapper, je ne suis pas prêt à la laisser partir, j'ai bien trop besoin d'elle. Erin a pris toute la place disponible dans mon coeur, il est à elle, je lui appartiens. Bien sûr, il y a des endroits que je ne veux pas quelle touche, mais pour le moment je ne pense pas à toutes les difficultés que nous allons partager. Je ne pense qu'à l'instant présent. Je continue de lui sourire, elle me dit des choses si belles que j'ai encore et toujours l'impression de rêver. Je caresse tendrement ça joue, mon sourire s'agrandit et je la regarde avec amour. Mes yeux lui crient je t'aime alors qu'elle m'annonce que la plage lui a manqué, mais surtout qu'elle a hâte d'y retourner avec moi à ses côtés. J'admets que je ne suis pas friand de la plage lorsqu'il y a beaucoup de monde, mais je pense qu'étant donné qu'il fait déjà nuit et que nous approchons des fêtes de fins d'années, personne n'est à la plage. Elle me demande alors si c'est un rendez-vous officiel. « Hum … » Je me mords la lèvre : « Oui on peut dire que c'est notre tout premier rendez-vous officiel. » Je suis heureux en sa présence, je sens le bonheur se répandre dans mes veines, je ne me suis jamais senti aussi heureux. « J'aime me promener sur la plage lorsqu'il fait nuit. » C'est vrai que j'aime aussi y courir très tôt le matin dans les coups de quatre heures, mais cela n'est pas important, seul l'instant que nous vivons en ce moment même compte. Je termine mon verre et je lui prends délicatement la main. « Viens, il est tant de passer notre tout premier rendez-vous sur la plage. » Nous marchons quelques minutes avant d'arriver sur le sable. Je tiens toujours sa main dans la mienne, j'aimerais ne plus jamais la lâcher. S'il était possible de vivre toujours coller l'un contre l'autre je signerais immédiatement, malheureusement cela n'est pas possible. Elle finirait sans doute à en avoir marre de moi. Cela me fait sourire, je commence même à avoir des douleurs aux mâchoires parce que je n'ai jamais autant souris qu'aujourd'hui. Je décide alors de cesser de marcher pour me planter devant elle. J'attrape ses deux mains, je colle mon front tout contre le sien et je lui dis alors : « J'ai l'impression de rêver. Tout ce qui se passe me semble irréel. Tu as pris une place si importante dans ma vie, tu es tout pour moi. Je n'ai jamais aimé avant de te connaitre, je n'ai jamais eu le coeur qui bat aussi fort avant toi, je n'ai jamais rêvé avant de te connaître, ma vie n'était faite que de douleurs, de tristesses et de regrets et puis tu es entrée dans ma vie. Tu te souviens ? Tu t'étais fait mal à la cheville. Tu étais si belle. Tes joues étaient roses, tu avais encore le souffle court. » Je frotte alors mon nez contre le sien avant d'ajouter : « Ce jour-là j'ai fait quelque chose que je n'aurais jamais pensé imaginable. Je t'ai laissé me toucher. Certes tu n'as passé que tes mains autour de ma nuque, mais cela signifiait tellement pour moi. Aujourd'hui, tu as été dans le creux de mes bras, c'est une première. » Je m'arrête un instant, ma gorge se noue, je dois tout de même lui dire. « J'ai eu une enfance difficile, terrible, ainsi qu'à mon adolescence. Il faut seulement que tu saches que je n'ai jamais laissé qui que ce soit me touché avant toi. » Je ferme un instant mes yeux, la douleur revient doucement, mais les mains d'Erin dans les miennes m'apaisent. Erin a le pouvoir de faire disparaitre tous mes démons, je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas comment elle fait, mais Erin est tout simplement magique. « Je suis heureux avec toi à mes côtés, j'ai la sensation qu'on est intouchable, que rien ne peut nous atteindre tant que nous sommes ensemble. » J'ouvre mes prunelles grises avant de déposer mes lèvres sur celles d'Erin. Elles sont si gouteuses, si douce, si sucrés. Je pourrais passer ma vie à l'embrasser ici sur cette plage. J'aimerais que le temps cesse de s'écouler pour rester ainsi avec elle, éternellement.